Saturday, March 02, 2019
Une
stèle mémorielle juive vandalisée, une croix gammée taguée sur le visage de
Simone Veil, un philosophe juif insulté, des vitrines de commerces juifs dégradées,
un arbre planté à la mémoire d’Ilan Halimi retrouvé scié… les actes
antisémitismes se multiplient à tous les coins de rue, convertissant en faits
divers la haine du juif et un antisionisme décomplexé diffusés sur les réseaux
sociaux et dans les médias. Face à ces ignominies relevant de la bêtise ou de l’endoctrinement,
j’ai encore en mémoire le demi-sourire d’Alain Finkielkraut lorsqu’il est
injurié par une sous-merde en pleine rue. On peut percevoir dans ce demi-sourire
à la fois de la lassitude et de la moquerie à l’égard d’un quidam salafiste en
mal de notoriété, un crachat de plus, presque dérisoire à l’aune de ce qu’a vécu
le peuple juif dans sa longue et lourde histoire. L’envie nous prend de cogner
l’étron qui l’étrille, quitte à se salir les mains. Mais finalement, on est enclin
à imiter le philosophe : tourner le dos à la haine et poursuivre son chemin.
En
ce qui me concerne je ne suis pas juif, j’aurais aimé l’être malgré la difficulté
de le devenir. J’aime la spiritualité, l’intelligence, la créativité et
l’humour que les juifs placent au centre de tout. J’aime la somme de leur génie
qui a forgé l’art et la science. J’aime leur pays, ce bout de terre aride
qu’ils ont transformé en pays de cocagne et qu’ils défendent âprement. J’aime
les juifs car ce qu’ils apportent au monde est considérable, j’en veux pour
seul exemple que 22% des lauréats des Prix Nobel sont d’origine juive alors que
les juifs ne représentent que 0,2% de la population mondiale. Sans les juifs,
pas de micro-ordinateur, d’Internet, de Google, de Facebook, de circuit
imprimés, de téléphones portables. Sans eux, pas de vaccins, de transplantions
d’organes, de traitements contre le Sida, le cancer, la malaria, la sclérose en
plaques, la leucémie. Pas de Pénicilline, de préservatifs, de défibrillateur
cardiaque, d’électro cardiogramme, de laser. Pas de télécommandes, ni se stylos
à billes. Pas de poupées Barbie, de cinéma parlant ou d’intelligence
artificielle. Bref, sans eux, ce serait moins drôle.
J’aime
surtout les juifs parce qu’ils me font rêver, m’émeuvent, construisent mon
imaginaire, m’élèvent. Je pense aux cinéastes d’abord, de Sergei Eisenstein à
Aaron Sorkin en passant par Joseph Mankiewicz, Billy Wilder, Sydney Lumet,
Arthur Penn, John Schlesinger, John Frankenheimer, Otto Preminger, Sydney
Pollack, Darren Aronofsky, Stanley Kubrick, Fritz Lang, Oliver Stone, Roman
Polanski, Steven Spielberg, Michael Mann, Alexandre Aja, William Friedkin, Richard
Donner, Sam Raimi, Doug Liman, Mathieu Kassovitz, les frères Coen, les sœurs
Wachoswky, David Fincher, etc... Je pense aux producteurs de films, des Zanuck,
Goldwyn, Meyer, Thalberg jusqu’aux Jerry Bruckheimer, J.J. Abrams, Joel Silver,
sans lesquels Hollywood serait encore une bande de désert. Et imaginez le cinéma
français s’il n’y avait pas eu Claude Berri ! Je pense aux Marx Brothers
ou à Woody Allen, Mel Brooks, Jerry et David Zucker, Jim Abrahams, Gad Elmaleh,
Francis Veber, Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, Alain Chabat, Gilbert Melki,
qui me font pleurer de rire. Je pense aux actrices, de Marilyn Monroe à Gal
Gadot en passant par Lauren Bacall, Elisabeth Taylor, Gwyneth Paltrow, Winona
Ryder, Scarlett Johansson, Sandrine Kiberlain, Kim Basinger, Natalie Portman, Rachel
Weisz qui me font tomber amoureux. Je pense aux acteurs américains de Paul
Newman à Jake Gyllenhaal, en passant par Dustin Hoffman, Kirk et Michael
Douglas, Joaquin Phoenix, Robert Downey Junior, Alec Baldwyn, mais aussi aux
acteurs français Yvan Attal, Richard Berry, Vincent Elbaz, Patrick Bruel,
incontournables. Je pense aux Gotlib, Goscinny, Jodorowsky, Joann Sfar, Frank
Miller, Albert Cohen, Henri Bergson, Joseph Kessel, Stefan Zweig, Franz Kafka,
Isaac Asimov, Philip Roth, Jerome Charyn, Isaac Singer, qui ont écrit parmi les
plus belles pages de la BD et de la littérature. Je pense à Barbara Streisand,
Serge Gainsbourg, Leonard Cohen, Asav Avidan, Mendelssohn, Gershwin, Mahler,
Jerry Goldsmith, Leonard Bernstein, Hans Zimmer, Arthur Rubinstein, Yehudi
Menuhin qui m’ensorcèlent. Je pense aux peintres, Chagall, Modigliani, Soutine,
Velasquez qui m’éblouissent. Je pense à tous les êtres brillants qui ont
repoussé les limites de l’esprit humain, Bobby Fischer, Albert Einstein, Boris
Cyrulnik, Steve Jobs… J’en oublie dans mon Panthéon, sûrement des plus grands
encore, mais j’arrête là, il faudrait une encyclopédie pour les citer tous. Et
puis cette chronique m’a donné envie d’aller revoir sur le champ « Ils
sont partout » l’excellent film de Yvan Attal.