Wednesday, May 02, 2007

De la francialisation à la mondialisation

Je rentre d'un voyage en Espagne et je retrouve la France telle que je l'avais quittée, en train de se regarder le nombril et de se tater sur le choix de son futur souverain. Il n'y a plus que deux candidats en lice, et encore je dirais qu'il n'en reste plus qu'un, étant donné que l'autre n'a pas de programme et ne se positionne que par rapport au premier qui se retrouve méchamment diabolisé. Finalement, le choix de l'électeur sera simple: pour ou contre Sarkozy.
Afin de donner un peu de hauteur au débat et offrir un point de vue différent de celui que nous impose tous ces médias de la "France qui gagne", je vous communique ci-dessous l'article que j'ai écrit pour la Voix du Midi il y a deux semaines. Histoire de sortir de la "francialisation" ambiante.

De la mondialisation

Faut-il se satisfaire de la pensée commune ? Accorder du crédit aux convictions ? Le pire ennemi de la vérité, ce n’est pas le mensonge, c’est la conviction, disait Nietzsche. Un bon moyen d’y voir clair, c’est de remettre en cause les évidences. Surtout si elles le sont pour le plus grand nombre.
Parmi les certitudes pré-fabriquées, il y a la mondialisation en tant que source de tous les maux. Comme si la misère, les inégalités, la violence n’avaient jamais existé avant le pouvoir marchand qui a succédé à des siècles de pouvoirs religieux et autoritaires. On n’a pas trouvé d’autre alternative pour partager les richesses. La répartition se fait selon la loi des rites, des armes ou du marché. Après les avoir parasitées, les marchands ont phagocyté les deux premières, sans répandre le sang. Les conquistadors du marché ont propagé la démocratie, produit de la prospérité, émancipé les femmes, classé la liberté individuelle au-dessus des autres valeurs, effacé les frontières, marginalisé les idéologies, les croyances et la morale au nom desquelles on tue, on terrifie, on torture. Contrairement aux politiques arbitraires, la politique marchande propose la distribution des biens au plus grand nombre, c’est le principe du capitalisme. Tout le monde a droit à une télé, un téléphone portable, un ordinateur, Internet illimité, une voiture, une maison, des voyages de moins en moins chers et de plus en plus loin. Apportant abondance, technologie et libre circulation, le système marchand a transformé le monde en village au centre duquel il a placé l’individu. C’est l’ère de la mondialisation. Mais la compétition a concentré l’argent, et donc le pouvoir, entre les mains d’un petit nombre de ces individus, inconnus, non élus, qui du coup ne peuvent être renversés. En réaction, des illuminés, des nationalistes, des anti-libéraux brandissent livres saints, drapeaux, pavés, Kalachnikov, pour nous faire retourner à un ordre dévot ou territorial. Les idéologies haineuses et rances reviennent au goût du jour. On focalise l’attention sur le passif (que je passe ici sous silence car il est largement médiatisé), on occulte l’actif, on oublie le sens des réalités. Conditionnés à penser que le monde va à sa perte, certains croient qu’il faut revenir en arrière, casser cette mondialisation.
Dans La dernière arme, j’ai inventé une nouvelle race de terroristes. Leur force repose sur le fait qu’ils ne cherche pas à détruire le système, mais à l’utiliser. Au-delà de la fiction, que va-t-il arriver ? Que vont faire les nouveaux maîtres du monde ? Bill Gates dépense des milliards de dollars pour la santé dans les pays en développement, rivalisant avec le budget d’aide américain. Angelina Jolie, l’une des actrices les mieux payées d’Hollywood, consacre le tiers de ses revenus à l’humanitaire. Des cas de moins en moins isolés. Quand certains PDG réaliseront que la pollution de la planète leur coûte plus cher qu’elle ne leur rapporte, ils deviendront plus écologistes que les Verts. Même le chantre de l’alter mondialisme, José Bové, en profite. Les multinationales l’éditent, le connectent, le transportent à travers le monde pour répandre la bonne parole. Les mêmes multinationales, parmi les plus polluantes, financent l’écolo Hulot.
La mondialisation est un outil puissant et inéluctable. Il faut s’en servir. Composer avec le « moins pire » des trois systèmes. Des usines s’ouvrent en Chine et en Inde ? Tant mieux pour les Chinois et les Indiens. Aux pays riches de s’adapter, de réinventer le travail, de se mettre à la diète après s’être goinfrés sur le dos des autres.
Dans un Etat où le misérabilisme est exacerbé par les médias et où l’on fait encore croire au peuple que le guignol pour lequel il va voter, chef des armées d’un autre temps, résoudra ses problèmes au même titre que le bon Dieu soulage le bigot de sa peine, ce discours peut sembler provocateur. Il présente néanmoins une autre face de la réalité.

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