PRIX CINECINEMA FRISSONS 2011
Lorsqu’on m’a proposé de faire parti du jury du Prix Ciné Cinéma Frissons qui vient d’être créé pour récompenser le roman de demain catégorie polar, j’ai d’abord pensé « encore un prix littéraire ». D’autant plus que je fais déjà parti du jury du Grand Prix de Littérature Policière, la plus haute distinction du genre, sorte de Goncourt du polar récompensant les deux meilleurs romans policiers, français et étranger, parmi tous ceux qui sont publiés chaque année. Soit deux œuvres incontournables. Or je dois l’avouer, il nous est arrivé certaines années, d’honorer non pas le meilleur roman, mais le moins mauvais.
Car la qualité de la production, inversement proportionnelle à sa quantité, a baissé. On assiste aujourd’hui à une industrialisation effrénée de la littérature. Les rotatives des imprimeries tournent à plein régime, plus vite que des planches à billets. Les auteurs et les titres se multiplient, transformant des forêts entières en pages indigestes, en récit ineptes, en best-sellers annoncés pour cerveaux de dix ans. Et encore, je ne parle pas de la littérature Blanche, celle qui donne aux lecteurs un point de vue nombriliste ou wikipédien sur le monde, sinistrée depuis que les médias ont réalisé que la médiocrité était plus payante que la modestie. Non, je parle de la vraie littérature, la Noire, celle du crime, celle qui reste, jadis signée Shakespeare ou Dostoïevski, et qui à son tour est menacée par le marketing et le manque d’inspiration. Elle inonde les librairies de « prêt à tuer », de titres racoleurs, de couvertures gaufrées et criardes, de quatrièmes de couverture qui vous décrètent quotidiennement qu’un nouveau maître du thriller est né.
La situation exceptionnelle qui devrait pousser chaque auteur à se lancer dans l’aventure d’un roman est devenue une situation courante, voire de surenchère. Surenchère dans le sordide, le gore, le glauque, le tordu. De plus en plus de cadavres et de pervers. Le ressort dramatique relève du fait divers, de la logique de commissariat. Les caractères des personnages sont usés jusqu’à la corde qui leur reste pour se pendre. La thématique frise le néant. Les auteurs ne se demandent même plus à quoi rime leur entreprise. Chacun prétend avoir trouvé le mal absolu. Aucune originalité, aucune nouveauté. Sans parler du style, scénaristique, qui menace dangereusement la langue elle-même. A quelques exceptions près, plus personne ne prend de risque. On s’engouffre dans les voies ouvertes par les précurseurs, on se nourrit des Racines du mal, on s’abreuve aux Rivières pourpres.
Dans « Ecriture », Stephen King dresse une pyramide des écrivains : les médiocres, les compétents, les talentueux et les génies tout au sommet. La surproduction littéraire et le business ont submergé le marché d’ouvrages écrits par des auteurs médiocres ou compétents, avalisés par une pléthore de prix littéraires complaisants, de critiques paresseux, de lecteurs moutons et de vendeurs de papier.
Le Prix Ciné Cinéma Frissons s’avère finalement une formidable occasion non pas de récompenser ce qui se fait de mieux aujourd’hui, mais ce qui se fera de mieux demain. Ce prix a des allures de tête chercheuse. Il n’aura d’utilité que s’il traque le roman qui ouvrira une nouvelle voie, qui ne répètera pas ce qui a été déjà écrit mille fois, qui repoussera les limites du genre. En quête d’une œuvre visionnaire et de l’écrivain talentueux, celui qui est situé au troisième étage de la pyramide de Stephen King.
Rendez-vous début 2011.
1 Comments:
Bonjour,
Je suis le webmaster du site http://www.stephenking999.com et j’ai mis en ligne une lettre ouverte à destination de Stephen King.
http://www.stephenking999.com/Signez-pour-la-venue-de-Stephen.html pour sa venue en 2011 pour la sortie en France de « Under The dome »
Celle-ci est train d’être signé par tous les fans de l’écrivain,
Si vous voulez signer, voir relayer l’information sur votre site, je vous en serai reconnaissant.
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