Saturday, October 16, 2010

CASSEZ-VOUS!

Tandis que Jacques Attali vient de remettre son deuxième rapport appelant d’urgence la nation à une cure d’austérité, la France bascule à nouveau dans la dictature d’une poignée d’individus. En toute impunité, une bande de syndiqués non représentatifs (puisque les électeurs n’ont pas voté pour eux), menace le pays, prend le peuple en otage, fait chanter le gouvernement, plombe l’économie en pleine crise. La CGT plus forte qu’Al-Qaïda et Lehman Brothers ! Chérèque et Thibault plus forts que Ben Laden, Madoff et Kerviel réunis !
Le droit d’agir prendrait-il le pas sur le droit d’expression ?
SOS racisme et le Cran viennent de porter plainte contre Jean-Paul Guerlain qui a eu un propos maladroit sur France 2 : « Pour une fois je me suis mis à travailler comme un nègre. Je ne sais pas si les nègres ont toujours tellement travaillé mais enfin… ». Guerlain s’est excusé. Mais les deux associations refusent ses excuses. Il faut crucifier le vieillard !
En France, le droit d’opinion est soumis à l’anathème et à la censure. Si je traite les cégétistes d’enfoirés, je risque beaucoup plus que si je séquestre mon éditeur pour me faire payer mes droits d’auteur. On est autorisé à prendre la France en otage pour exiger plus de pognon, une durée du travail allégée, une réorganisation de ses horaires ou un meilleur menu à la cantine. A ma connaissance, personne n’a porté plainte contre ceux qui bloquent le port de Marseille, les raffineries de pétrole, les dépôts de carburant, les lycées, les aéroports, les gares. A quand, donc, le blocage des centrales nucléaires, des hôpitaux, de l’Elysée ?
Les jeunes, en mal de références dans un désert culturel français proche de celui de l’Afghanistan, imitent leurs aînés. Ils veulent leur mai 68 à eux, référence culturelle suprême (c’est dire le désert !) que l’on ressort à chaque fois qu’on ouvre sa gueule comme un rémouleur dans le rue. Les ados sont lancés sur le pavé, avec la bénédiction de leurs parents démissionnaires qui ne leur ont même pas appris à distinguer flashball et paintball, ni à différencier Sarkozy de Lord Voldemort.
Devant le spectacle affligeant auquel se livre ce pays attardé, sclérosé, à la fois égotiste et grégaire (une prouesse !), irresponsable et néanmoins donneur de leçons, incapable de s’adapter à un monde qui évolue de plus en plus vite, pétri dans ses certitudes, ses habitudes, ses traditions et ses acquis, il me vient à l’esprit une phrase de Joe Strummer, le leader des Clash. Ce qui me permet d’assurer la transition sur THE CLASH par The Clash que vient de publier Au Diable Vauvert. Un bel objet rose et explosif, indispensable, composé de souvenirs, de photos, d’idées révolutionnaires et d’interviews inédites des quatre membres d’un groupe qui a marqué toute une génération. Ah oui, la fameuse phrase de Joe. Elle conclut le bouquin : « On est venus, on a dit ce qu’on avait à dire, on s’est cassés, moi, ça me plaît. »
Moi aussi, ça me plaît.
Cela n’a pas empêché les Clash d’influencer leur époque.
Le message que j’envoie à ceux qui bloquent le pays est donc simple: maintenant qu’on vous a entendus, cassez-vous ! Retournez à vos boulots, à vos jardins, à vos télés, à vos devoirs, ou dans vos chambres. Ecoutez LONDON CALLING, lisez THE CLASH par The Clash. Il vous restera les urnes pour agir. C’est le principe de la démocratie.


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