Monday, April 19, 2010

Cygnes Noirs

Certains évènements imprévisibles ont une probabilité quasiment nulle de se produire. On les appelle les Cygnes Noirs. Lorsqu’ils surviennent, l’impact de leurs répercussions est proportionnel à leur improbabilité. Puisqu’on ne les avait pas prévus, on ne peut pas y faire face. Depuis l’an 2000, on peut citer trois Cygnes Noirs à l’échelle de la planète : l’attentat du 11 septembre 2001, le tsunami de 2006 et l’éruption du Eyjafjöll en 2010.
Développée par le philosophe et mathématicien du hasard Nassim Nicholas Taleb, la théorie des Cygnes Noirs repose sur une faille dans le traitement des données. En ne voyant que des cygnes blancs, on a fini par déduire que tous les cygnes étaient blancs… jusqu’à ce qu’on en découvre des noirs en Australie.
Les auteurs de thrillers sont souvent des éleveurs de Cygnes, commençant leurs histoires angoissantes par le fameux « Et si… ». Mais ces prémonitions catastrophiques qui ravissent les lecteurs en quête de sensations fortes sont tissées à partir de projection étayées, réalistes, rationnelles, plausibles. Elles sont probables. Car il faut être crédible pour embringuer le lecteur dans une histoire imaginaire. Ces prévisions, que l’on pourrait qualifier de Cygnes Blancs, vont renforcer l’improbabilité et donc la portée cataclysmique du Cygne Noir que personne n’a prévu parce que personne n’y croit. Ainsi l’éruption du Eyjafjöll, sur lequel les experts et les journalistes ne savent pas quoi dire, limitant leurs analyses de la situation à des micro-tarmacs se faisant les échos de passagers aériens déboussolés.
Mon prochain roman à paraître en octobre commence par un événement qui a les apparences d’un Cygne Noir. A la lueur de ce que je viens d’écrire, vous vous doutez donc qu’il ne s’agit que d’apparences…
A l’opposé du Cygne Noir, le Cygne Blanc est donc un événement qui a toutes les (mal)chances d’arriver. Si l’on veut rester dans la symbolique du transport, disons que le Cygne Blanc est au Cygne Noir ce que le cheminot en grève est à l’avion cloué au sol pour causes de nuages de cendres crachées à 6000 mètres d’altitude par un volcan islandais éteint depuis deux siècles.
Faute d’avion et de train, j’étais donc bien inspiré de choisir le bateau lors de mon dernier voyage. Un courte odyssée de douze jours en mer qui conclue une série de pérégrinations vers des bouts du monde pas si loin de la France. Je vous ouvre quelques petites fenêtres sur ces mondes que j’ai traversés, en attendant que ces images se transforment un jour en mots.









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