Sunday, September 28, 2008

PAUL NEWMAN IS NOT DEAD



Un mythe ne meurt pas. Marilyn et Lennon sont toujours vivants. Bien plus que ne le sont Nicole Kidman ou Julio Iglesias. Le temps n’a d’emprise que sur les enveloppes charnelles. Celles-ci s’abiment, s’étiolent, s’étirent sous les bistouris et disparaissent. Durant un certain temps, ces emballages nous font rêver. Ils contribuent certes à la légende. Mais derrière les blondeurs, les yeux bleus, les parangons de beauté, les mensurations paradigmiques, brillent parfois de belles âmes. Ce sont elles qui font la différence entre une figure mythique et le commun des mortels.
Paul Newman était de ces élus.
D’une beauté canonique, l’homme avait du génie, façonné sur les planches de l’Actor’s Studio. Méthode : puiser en soi pour faire exister un personnage. En Paul Newman, il y avait un cœur énorme, un esprit brillant et deux sens rares qui venaient s'ajouter aux cinq autres: celui de la rébellion et de la dérision. Cela se trahissait par un scintillement dans le regard et un sourire. Le sourire. Voilà ce qui le distinguait des autres grands de sa génération, McQueen et Brando en tête.
Les rôles qu’il alignait, à la vie comme à l’écran, Newman semblait les endosser avec la facilité d’un surdoué indiscipliné s’amusant dans une cour de récré, que ce soit pour monter sur le podium des 24 heures du Mans ou pour refuser d’aller chercher son Oscar, que ce soit pour inventer une vinaigrette miracle ou distribuer des dizaines de millions de dollars aux enfants défavorisés.
Alors normal qu’il devînt le meilleur acteur du monde. Toujours border line. De prince des arnaqueurs à roi de l’évasion en passant par braqueur de banques ou détective à la cool, il se foutait de l’autorité, jamais des spectateurs. Il s’excusait même auprès de ce public par voie de presse lorsqu’un de ses mauvais films était rediffusé à la télévision.
Paul Newman disait : « Ou bien on tire les ficelles, ou bien on essaie de s’en débarrasser ».
Depuis samedi, il s’en est définitivement débarrassé.

PS Je rentre de la manifestation Polar à Drap qui s'est tenue ce week-end dans le Sud. Un véritable petit pavé dans la mare de la rentrée littéraire, organisé par une mairie passionnée et sans complexe, et mise en rock par les Shorties. J'y ai retrouvé avec beaucoup de plaisir la croqueuse de prix Catherine Fradier, Corinne et Jacques de la Noir'Rôde toujours là pour veiller au grain noir, Jérome Dugast de la librairie Masséna et beaucoup d'autres encore, Olivier, Pierre, Serge... J'y ai également découvert de nouveaux talents, ça sert aussi à ça un salon. Parmi eux, Eric Roux, auteur de "Traits Portraits", magnifique album dans lequel cet illustrateur doué a dessiné 30 acteurs de légende (à quand les actrices Eric?), mis en texte par Guillaume Besnier. C'est dans cet ouvrage que j'ai piqué la caricature (à découvrir dans son intégralité page 52) ci-dessus. Eric était en train de me dédicacer son livre samedi quand j'ai appris la disparition de Paul Newman.
Si vous voulez en savoir plus sur "Traits Portraits"
  • Eric Roux

  • Les Editions de l'Antre
  • 2 Comments:

    Blogger pampa said...

    yep

    plusieurs larmes de tristesse
    pour lui et james crumley

    merci pour le bel article

    je reregarderai luke la main froide

    11:45 PM  
    Blogger Philip Le Roy said...

    Ne serait-ce que pour rerevoir la dernière scène où le visage de Paul "Luke" Newman s'illumine sur un sourire. Un plan qui nous dit pourquoi on aimait tant le bonhomme.
    Merci Pampa de souligner aussi la récente disparition de Crumley, un sacré poids lourd de la plume qui nous laisse six pépites du Montana.

    1:12 AM  

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