Thursday, April 24, 2008

L'ART DE FAIRE PEUR



Je travaille actuellement sur les techniques narratives qui déclenchent la peur et qui me sont nécessaires à la narration du roman que je suis en train d'écrire. Le cinéma dispose de toute une rhétorique inventée par Browning, Hitchcock, Polanski, Carpenter, Romero, Raimi, Argento, Friedkin, Nakata, Shyamalan, Fincher, Balaguero, véritables académiciens de l’horreur. En littérature, l’affaire est moins aisée. L’écrivain ne possède pas l’image et surtout le son, devenu le levier majeur du cinéma horrifique. Impossible de faire « Bouhh ! » dans un roman. Il faut donc jouer sur d’autres rouages ciselés par des auteurs comme Poe, Lovecraft ou Stephen King (lisez son « Danse Macabre »). Et surtout en inventer d’autres. La principale technique est la suggestion qui doit pousser le lecteur à imaginer l’inimaginable. Efficace, ce procédé littéraire sera repris au cinéma avec le hors champs dont Hideo Nakata et Jaume Balaguero sont passés maîtres.
Féru d’horreur et admirateur de Balaguero, il m’était donc impossible de ne pas vous parler de « [REC] », son nouveau film co-réalisé avec Paco Plaza. Dans sa quête de l’effroi, le plus talentueux des réalisateurs européens actuels a poussé le frisson encore plus loin. Tout avait commencé avec « La secte sans nom », le film le plus flippant de tous les temps. Balaguero mettait nos nerfs à rude épreuve en nous faisant perdre nos repères et en nous enfermant dans son univers maléfique tapissé d’obscurité et habité par la démence. Il y reprenait à son compte l’effroyable technique qu’Adrian Lyne avait utilisée dans « L’échelle de Jacob », en insérant de façon subliminale ses fameux flashs épileptiques où l’on voyait des enfants agités dans tous les sens, et qui deviendront la Balaguero’s touch. La dernière scène de « La secte sans nom » dépassait en intensité celle de « Répulsion » de Polanski qui pour moi détenait jusqu’alors le record de l’effroi. On se souviendra ensuite de « Darkness », où rarement la peur du noir et la contamination du réel par le mal n’auront été aussi bien exploitées. Viendra ensuite « Fragile » qui nous scotchera avec les apparitions traumatisantes de la mystérieuse fille mécanique. J’en ai encore froid dans le dos. Aujourd’hui, « [REC] » arrive et c’est monstrueux. Je vous conseille vivement d’y aller, en passant, si cela vous peut vous éclairer un peu dans cet univers bien sombre, par ma critique du film que j’ai rédigée pour
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